Ailefroide – Jean-Marc Rochette / Olivier Bocquet – éditions Casterman - 2018

Ailefroide – Jean-Marc Rochette / Olivier Bocquet – éditions Casterman - 2018


Démarrée à la fin des années 70, la carrière d’auteur de bandes dessinées de Jean-Marc Rochette se distingue par une volonté sans faille d’exploiter les potentialités expressives de son médium. D’Edmond le cochon au Transperceneige,  en passant par Le tribut, Himalaya Vaudou ou Terminus, chacun de ses ouvrages s’affirme par sa singularité et une quête qui dépasse de loin la seule nécessité de produire un nouveau livre. Chaque parution de Jean-Marc Rochette se révèle viscérale et fascinante.

Il est peu dire que Ailefroide, dont l’auteur partageait avant parution d’impressionnants extraits visuels sur sa page facebook, était attendu comme un jalon dans la carrière de l’auteur. Mêlant récit autobiographique, amour de la peinture et quête des sommets les plus escarpés, cette nouvelle proposition sait nous faire oublier l’inanité de nombre de récits autobiographiques ayant fleuri ces dernières années. Il y a une nécessité dans l’acte d’accomplir cet ouvrage. Jean-Marc Rochette ne se confesse pas. Il ne cherche aucunement à s’attirer un regard de complaisance de la part du lecteur. Ce qu’il livre, c’est un album rugueux, douloureux, hanté et empli de désir.

A travers la narration de son souhait d’adolescent de devenir guide de haute montagne, il sait nous transmettre la beauté des ascensions, mais aussi la prise de conscience des risques que celles-ci comportent. Si l’alpiniste a contemplé des paysages dont il sait rendre le sublime par son graphisme frôlant l’abstraction, il parvient tout autant à incarner l’humain, rendre corps à ses amis disparus.

Hommage bouleversant à la montagne, à l’adolescence et à l’amitié, Ailefroide est aussi –et ce n’est pas la moindre de ses qualités- une magnifique preuve de ce que peuvent être le dessin et la bande dessinée lorsqu’elle est à son sommet d’exigence.


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