Au travers du rayon – Aude Bertrand – éditions 2024

 Au travers du rayon – Aude Bertrand – éditions 2024


 

On avait déjà lu Fleurissent les antennes d’Aude Bertrand. Ce court récit en micro-édition nous initiait à l’univers si singulier de son autrice : son goût pour les salles de cinéma, pour une narration d’un quotidien à la lisière du fantastique, le tout servi par un sens du découpage sensible et imaginatif.

Son premier livre publié chez un éditeur largement distribué a pour titre Au travers du rayon. Il est publié par les décidemment incontournables éditions 2024.

On y découvre Jeanne qui, le temps d’un été, exerce le métier de concierge dans un immeuble. Entre les locataires et le courrier à remettre, elle s’adonne à sa passion : être spectatrice de films dans sa loge ou au cinéma de quartier.

C’est en compulsant un livre dédié au 7ème Art qu’elle découvre la théorie de « la métalepse » : la création un pont entre réalité et fiction qui nous permet de re-vivre des scènes avec les personnages des films qui nous ont marqué.

« Le cinéma, c’est des portes vers des vies parallèles qu’on peut emprunter pour échapper à notre réalité. Prolonger notre relation avec les films qui nous transforment. »


Ce postulat inattendu va permettre à Aude Bertrand de tisser un récit captivant, à la lisière du fantastique. Servi par des mises en page imaginatives et mouvantes, le parcours de Jeanne se révèle empli d’une affliction sourde et dans lequel la fascination quasi obsessionnelle pour le cinéma est évoqué avec une rare justesse.

« Mais la réalité ici elle t’intéresse plus ? » l’interroge Elie, un camarade désarçonné par cette quête si dévorante.

Le livre se mue ainsi du fantastique à une évocation profonde du sens que chacun tente de donner à son existence.

Ce qui subjugue au-delà de la beauté et de la simplicité émouvante du trait de l’autrice, c’est la capacité qu’elle révèle à absorber progressivement le lecteur. De même que Jeanne est captivée par les aventures fictionnelles et cinématographiques, Au travers du rayon nous infuse sa troublante mélancolie.




Commentaires