Dédales (tome 3) - Charles Burns – traduction de David Langlet – éditions Cornélius – 2023

Dédales (tome 3) - Charles Burns – traduction de David Langlet – éditions Cornélius – 2023




On avait été séduit dès le premier tome de la trilogie Dédales amorcée par Charles Burns en 2019. Faisant suite à la complexité vénéneuse de Toxic / La ruche / Calavera, l’auteur interrogeait à nouveau les fondements de son œuvre, mais sous un atour plus simple, acceptant de nous émerveiller à la juste contemplation de son trait méticuleux et organique.

Tous les ingrédients de son œuvre étaient là: adolescence, difformité, solitude, complexité des relations, fétichisme des formes, goût pour un cinéma horrifique et désuet… acceptant de se dévoiler de façon limpide et sans artifices.

Ce troisième opus est la conclusion magistrale de ce qui apparaît comme une aspiration à l’apaisement dans l’œuvre de l’auteur de la série Blackhole.

Charles Burns utilise avec une force incroyable l’écart entre les dialogues des personnages et les différentes voix « intérieures » qui les accompagnent, à la fois élément de narration et mise en doute des mots prononcés. Rarement on a été autant plongé avec autant d’intensité dans la vie intime des personnages. Si le dessin -mais aussi le cinéma- deviennent des vecteurs de partage d’émotions, ce qu’ils projettent dans la psyché des adolescents mis en scène est loin d’être uniforme. L’autre reste tout autant un élément de fascination que d’incompréhension.

C’est cette incommunicabilité intrinsèque à chaque humain que Charles Burns parvient à mettre en scène dans un livre qui ne cesse de nous obliger à en décortiquer le moindre détail graphique et narratif, l’art se révélant peut-être être l’unique moyen d’avoir un tant soit peu prise sur cette réalité qui se dessine face à nous.

Préciser encore que les presque 20 pages qui constituent le final de cette trilogie sont d’une incommensurable beauté.



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