Environnement toxique – Kate Beaton – traduit par Alice Marchand – éditions Casterman – 2023

Environnement toxique – Kate Beaton – traduit par Alice Marchand – éditions Casterman – 2023



L’histoire démarre en 2005. Kate Beaton, originaire de Cap-Breton, île de la province de la Nouvelle-Ecosse sur la côte est du Canada, vient de terminer ses études. Malgré la beauté de son lieu de vie, « tout ce qu’on nous disait sur notre avenir, c’était qu’il fallait partir pour en avoir un », la Province est pauvre. La jeune femme, comme tant d’autres, se doit de quitter sa famille pour amorcer une vie active, et rembourser son prêt étudiant. L’exploitation de sable bitumineux, située en Alberta, est le principal pourvoyeur d’emplois.

Démarre alors son parcours dans différentes compagnies exploitant ce territoire afin d’en extraire le pétrole.

Il y a un intérêt documentaire évident à découvrir les microcosmes engendrés par ces sociétés minières. On est effaré par les conditions de travail, par l’isolement engendré, mais plus encore se révèle un monde constitué majoritairement d’hommes. La femme y est une exception et devient sujet de toutes les railleries, les hostilités et les provocations les plus condamnables. Récit personnel, le titre « environnement toxique » parle non seulement de l’exploitation à outrance des ressources naturelles, mais comment ces lieux hors de la lumière deviennent aussi des espaces de dominations et de mises à jour des vicissitudes les plus enfouies.

« Ils n’auraient jamais eu ce genre d’attitude ou de sentiments si on n’était pas ici… ». Un monde isolé où valeurs viriles et prédatrices peuvent s‘exprimer en toute liberté. Avec comme terrifiant aveu de se dire que « Le pire, c’est qu’ils ressemblent à mes cousins et à mes oncles (…) même s’ils viennent des quatre coins du pays…ils me sont familiers (…) C’est cet endroit qui a cet effet là sur des gens qui n’étaient pas comme ça. ».

Rarement le harcèlement et la culpabilité d’avoir subi des actes de violences physiques et morales n’ont été évoqué avec autant de force.

Malgré tout, le récit est traversé de part et d’autre par l’humanité de la protagoniste ainsi que de ses alliés entrevus.

Un livre empli -à l’image des fascinants dessins de paysages d’usines qui en illustrent les différents chapitres- tout à la fois d’une intense noirceur mais aussi d’une profonde sensibilité.

On pensait lire dans Environnement toxique un pamphlet écologique, on y découvre au final une description sans artifice des méandres de notre société.

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Environnement toxique – Kate Beaton – traduit par Alice Marchand – éditions Casterman – 2023



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