Astra Nova -Lisa Blumen – éditions L’employé.e. du moi – 2023
Nova, jeune femme brillante et solitaire, est sélectionnée pour partir en exploration sur la planète L31. Celle-ci étant située à 2,5 millions d’années-lumière, son vaisseau doit mettre entre 20 et 50 ans pour l’atteindre. L’idée même de retour est de ce fait exclue de cette mission. Nova accepte de quitter son environnement à jamais et de se confronter à un isolement irrémédiable.
Néanmoins, une dernière formalité est imposée par sa hiérarchie avant d’accomplir son destin : « (…) une fête dite…d’adieu » afin de voir ses proches une dernière fois « pour quitter la terre en connaissance de cause. »
C’est cette soirée de retrouvailles que nous raconte Lisa Blumen dans un livre empli de sensations et de liberté.
Graphiquement, l’autrice nous propose des planches aux compositions à la fois anguleuses et organiques. S’il y a une volonté de synthétiser les éléments présents dans chaque case, ceux-ci se développent avec grâce et subtilité d’un espace à un autre. La recherche de fluidité semble être l’ambition première de l'autrice. On glisse de case en case, tout en ayant la sensation que chacune d’elles continue à invoquer l’image précédente. D’un visage, nous passons à un élément du décor, pour revenir à un personnage, et ainsi de suite. La géométrie de la villa, actrice essentielle du récit, semble accompagner le jeu des corps qui s’y croisent.
De même, les couleurs – réalisées aux feutres- mouvantes et diluées inventent des pages où tous les éléments sont unifiés en un vaste ensemble. Il existe une véritable fascination à regarder -après lecture- les planches dans leur globalité, à en oublier les phases séquentielles propres à la bande dessinée.
On est happé, et même bouleversé, par ces instants partagés -potentiellement les derniers-par quatre individus. Les dialogues, à la justesse constante, sont régulièrement entrecoupés d’instants purement contemplatifs, durant lesquels les corps ou les regards se dévoilent tout aussi essentiels pour susciter notre inclination.
C’est avec une grande délicatesse qu’ Astra Nova interroge, dans ses interstices, la décision -qui appartient à chacun de nous- de continuer à croire en ce qui nous attache au monde dans lequel nous vivons.
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