Le coup de cafard, dans la maison il y a des fantômes – Gato Fernandez -traduction thomas Dassance – éditions iLatina – 2021


 

Le coup de cafard, dans la maison il y a des fantômes – Gato Fernandez -traduction thomas Dassance – éditions iLatina – 2021

 




Les éditions iLatina fondées en 2019, se sont données pour mission de mettre en valeur la bande dessinée d’Amérique du Sud, notamment en offrant un écrin digne de ce nom à la bande dessinée «patrimoniale» argentine. Ainsi, se sont succédés des inédits, mais aussi des éditions complétées d’auteurs aussi essentiels que Carlos Trillo, Enrique et Alberto Breccia, Carlos Sampayo, Eduardo Risso…

Parallèlement à cette volonté de faire (re)découvrir de la bande dessinée d’Amérique du Sud des décennies passées, les éditions iLatina se proposent d’accompagner de jeunes auteur(e)s en publiant d’ambitieux ouvrages. Ainsi, dès 2019, on a découvert le travail de la prometteuse Nacha Vollenweider avec Notes de bas de page. Démarche poursuivie en 2021 avec le nécessaire Le coup de cafard dont la singularité et les aspérités en font une lecture d’une rare intensité.

C’est en suivant le quotidien de la jeune Lucia, nouvellement entrée en école maternelle, que l’autrice évoque l’extrême noirceur de son parcours empli de souffrances et de non-dits. Une phrase située en début d’histoire suffit à nous faire ressentir cet effroi qui ne nous épargnera plus. Lorsque Lucia joue dans sa maison, elle cherche les bonnes «cachettes» non pas pour jouer avec son frère, mais pour échapper à ses parents. «Ici, ils ne me trouvent jamais.»

Ainsi vont défiler tour à tour un petit théâtre familial composé d’un frère taquin -mais attachant- une mamie, souriante et dévouée en apparence, mais n’hésitant pas à condamner par ses propos sa belle-fille. Un père peu bavard, souvent représenté telle une ombre mais dont la violence semble sourdre de tout son corps, possédé par on ne sait quelle entité démoniaque, et la mère personnage affectueux mais qui ne veut pas reconnaître le calvaire vécu par ses enfants.

C’est avec un trait enfantin et ténu, que Gato Fernandez s’ingénie à nous raconter la capacité inouïe de son alter ego Lucia pour essayer de vivre malgré la violence dont elle est victime. Le père, que les enfants nomment Alberto, s’adonne à des attouchements sur sa fille dans des scènes silencieuses qui ne peuvent que nous saisir d’effroi.

On est bouleversé par la vitalité de cet enfant qui lutte pour s’inventer des jeux, des refuges dans le but de supporter son quotidien.

La violence du récit provoque une tension pour le lecteur qui ne l’abandonnera à aucun moment de sa lecture.

On imagine la difficulté qui a été celle de l’autrice pour mettre en forme ce récit familial qui l’a touché personnellement. Pour autant, la force du témoignage ne doit pas nous faire négliger la qualité du découpage et le sens de la narration déployée par Gato Fernandez.



Récit bouleversant, Le coup de cafard, nous propose la découverte d’une nouvelle personnalité dont les prochaines publications attireront toute notre attention.


 

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