La déconfiture, seconde partie – Pascal Rabaté – éditions Futuropolis – 2018

La déconfiture, seconde partie – Pascal Rabaté – éditions Futuropolis – 2018

 
En juin 1940, l’armée française est en déroute. Le soldat Videgrain et son régiment constituent une colonne en route vers un camp de détention allemand. C’est cette traversée à laquelle Pascal Rabaté met un terme dans ce second volume de La déconfiture.


Cette débâcle, cette population fuyante, l’auteur l’a déjà représentée dans les pages parmi les plus marquantes d’Ibicus. Une foule anonyme, courbée, qui cette fois est soumise au joug des vainqueurs du moment. Si Videgrain est un de nos repères, narratif et visuel dans ces paysages composés d’anonymes, ce que se plaît à mettre en scène Rabaté, c’est le nombre, l’ennui, la passivité. Tout ce qui sera si dur à raconter plus tard par ces hommes. On pense souvent à La peau et les os de Georges Hyvernaud, narrant son retour de captivité : «Mes vrais souvenirs, pas question de les sortir. D’abord ils manquent de noblesse. Ils sont même plutôt répugnants. Ils sentent l’urine et la merde. Ça lui paraîtrait de mauvais ton, à la Famille […] Nous n’avons à offrir, nous autres, qu’une médiocre souffrance croupissante et avachie. Pas dramatique, pas héroïque du tout.». C’est cette « médiocre souffrance » que parvient à évoquer La déconfiture. Alliant beauté des images, incitant à un plaisir contemplatif, précision des compositions et tension néanmoins palpable. L’horreur n’est pas représentée mais est sans cesse possible, prête à surgir. La hiérarchie militaire conserve prestance et dignité, mais de manière vaine et inefficace. Quant à Videgrain, sa fierté semble s’égrener au fur et mesure des pages. La déconfiture est une œuvre désabusée, qui parvient à évoquer la monotonie, l’ennuie et la perte de soi avec force et splendeur.

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