Le lagon noir - Arnaldur Indridason - Métailié noir - traduit de l'islandais par Eric Boury - 2016.
«Un vent violent soufflait sur la lande de
Midnesheidi .Venu du nord et des hautes terres désertes,il franchissait
les eaux agités du golf de Faxafloi, puis se précipitait, glacial et
mordant, sur les ondulations du paysage, saupoudrant d'une fine couche
de neige les plantes rares, transies et prostrées, qui dépassaient à
peine des roches et des blocs de pierre.»
Nous
retrouvons Erlendur, jeune inspecteur venant d'incorporer la brigade
d'enquêtes criminelles. Ceux qui ont lu les ouvrages précédents d'
Indridason connaissent la hantise de son héros pour les enquêtes
concernant des personnes disparues, sans laisser la moindre trace. Ici,
en 1979, deux histoires s'entremêlent: une jeune fille disparu
vingt-cinq auparavant, près d'un ancien camp militaire américain
transformé en bidonville et la mort étrange d'un ouvrier islandais
retrouvé près de la nouvelle base américaine dans un étang marécageux ,
surnommé le lagon bleu.
Le point commun, c'est
bien sûr la présence américaine. Une présence intolérable a beaucoup
d'islandais, et pourtant ambiguë car cette base aérienne,véritable état
dans l'état, même la police islandaise ne peut y enquêter librement ,est
,en même temps source de revenus énormes aussi bien pour l'état
islandais que pour les ouvriers qui y travaillent. Lieu propice au
trafic de cigarettes, alcool, jeans, disques, drogue.... C'est ainsi
toute une culture qui part à la dérive: «Ici, c'est notre
univers,c'est un monde qui vous échappe.Nous avalons tout ce que vous
faites sans vraiment savoir pourquoi et nous oublions aussitôt. En fin
de compte , nous Nous, nous avons passé le plus clair de notre temps à
mourir de faim». Situation entraînant un sentiment de supériorité proche du racisme chez nombre d'employés américains:« Vous êtes tous les mêmes,fichus Islandais! Espèce de parasites!»
Ainsi,
c'est tout un pan de l'histoire de ce petit pays, en pleine guerre
froide,enjeu d'intérêts géostratégiques qui nous est proposée. Cependant
comme à l'habitude, aucune pesanteur didactique. Tout cet environnement
transparaît au travers de deux histoires profondément humaines touchant
la misère tant psychologique que matérielle, avec toujours une grande
empathie pour le moindre personnage.
«Personne
ne me comprend,il n'y a personne qui me comprend. Jamais.Et personne ne
sera jamais capable de comprendre qui je suis, l'homme que je suis
réellement.Il n'y a personne qui puisse me comprendre. Personne.»
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