La terre verte – Alain Ayroles / Hervé Tanquerelle / Isabelle Merlet / Jérome Alvarez – éditions Delcourt / Mirages – 2025
La terre
verte – Alain
Ayroles / Hervé Tanquerelle / Isabelle Merlet / Jérome Alvarez – éditions
Delcourt / Mirages – 2025
On l’avoue, on est inconditionnel du travail du dessinateur
Hervé Tanquerelle depuis de nombreuses années. On peut citer sans hésitation
des titres tels La Communauté, La Vierge froide et autres racontars,
Les faux visages, Les voleurs de Carthage ou Groenland Vertigo
comme autant de souvenirs heureux de lecture.
La Terre verte est réalisé avec Alain Ayoles,
scénariste de talent de nombre de récits épiques. Quant à la mise en couleur,
elle est assurée par Isabelle Merlet… la coloriste dont on admire chacune des
nombreuses contributions. L’association d’autant d’auteurs et autrice important
ne peut que promettre un bel ouvrage.
Néanmoins, en feuilletant l’ouvrage, on a une crainte :
Tanquerelle aurait il « assagit » son trait, mélange de réalisme et
d’excès, afin de correspondre au récit historique qu’il accompagne ? Seul le
personnage de Kraka semble encore s’inscrire dans ce goût pour le grotesque.
Et puis on entame la lecture ce ce long chant funèbre qu’est
La terre verte… et on est happé par le destin de cette colonie de
descendants des Vikings, survivant avec difficulté dans un Groenland aride. La
violence de la terre glacée est sans cesse accompagnée d’une immense beauté à
laquelle Hervé Tanquerelle nous a accoutumé. Les personnages qui se débattent
dans ce récit épique sont campés avec force et réalisme. Messire Richard, aux
rêves de pouvoir, à l’intelligence aiguisée et au corps abîmé, n’en est que le
plus emblématique. Les auteurs ont pris soin de donner chair et faille à chacun
des protagonistes.
La composition des cases -mais aussi des planches dans leur
globalité- est empreinte d’un classicisme et d’une précision étonnante. Chaque
cadrage semble être affiné afin de provoquer au sein de l’imaginaire du lecteur
l’impact le plus profond.
Pour parfaire cette sombre évocation historique, Isabelle
Merlet, comme à son habitude, parvient à offrir une mise en couleur qui jamais
n’illustre le récit, mais le sublime. Ainsi, les teintes des planches
consacrées à une scène de massacre de morses semblent se gorger de sang, tandis
que, plus loin, les reflets de la lumière sur la glace ont la capacité de nous
éblouir.
La Terre Verte fait partie de ces rares bandes
dessinées qui parviennent à allier souffle de l’aventure, discrète érudition et
dessin attractif mais exigeant. Une belle œuvre qui, à la manière des
auteur.e.s qui s’y sont associés, a la force de s’adresser à des lecteurs aux
intentions bigarrées.
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