Walicho – Sole Otero - traduction Anne Plantagenet – éditions çà et là – 2024
Deux ans après l’essentiel Naphtaline,
Sole Otero revient avec un imposant ouvrage de 376 pages composé de 9 histoires
aux mises en page et récits d’apparence forts différents. Ne pas s’y tromper,
chaque partie semble s’imbriquer avec les autres afin de composer une seule et
même histoire au souffle romanesque intact d’un bout à l’autre. Comme précisé
en début d’ouvrage, « Walicho » signifie en langue mapuche -rappelons
que Sole Otero est argentine- un « être qui personnifie tous les maux et
les malheurs, et qui est relié à des éléments naturels singuliers ».
Cette annonce du
« malheur » s’incarne lorsqu’au 18ème siècle débarquent
d’un bateau en provenance d’Espagne trois silhouettes inquiétantes,
accompagnées d’un bouc aux poils rouges.
Ces êtres paraissant en fuite vont se révéler être trois sœurs dont la
magie va siècle après siècle être bénéfique ou néfaste.
Le récit, construit comme un
tressage aux graphismes et textures différentes, va nous faire suivre -parfois
à distance- l’impact de ces sœurs sur leur environnement proche. Portrait à la
fois de l’Argentine, mais aussi des relations hommes/femmes à travers
l’histoire, Walicho nous séduit par la richesse de ses innovations
plastiques, mais aussi par la relation qui s’y invente entre fantastique et
intime. Nécessitant plusieurs lectures, le livre nous envoûte et nous impose
d’en accepter les possibles. Sole Otero, par la précision des outils employés,
nous invite à une expérience sensorielle et romanesque sans jamais se départir
de son intrication aux réalités sociétales les plus aigües (patriarcat,
violences sexuelles…). Sole Otero confirme avec ce livre qu’elle est
probablement une des auteurs les plus importants et envoûtants de ces dernières
années.
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