Le Roi Méduse – partie 1- Brecht Evens – traduit du Néerlandais par Wladimir Anselme – éditions Actes Sud BD – 2024
Le Roi Méduse – partie 1- Brecht Evens – traduit du Néerlandais par Wladimir Anselme – éditions Actes Sud BD – 2024
Arthur est élevé par un père dans
l’objectif de le guider afin d’être fort dans un monde cruel et hostile. Comme
dans la nature, il lui apprend à se battre pour survivre, mais également à
apprendre l’art de la dissimulation et du camouflage pour apprendre à
« échapper à la détection » de mystérieux ennemis. Très vite, ce qui
pouvait apparaitre comme un jeu se métamorphose en une angoissante quête
« survivaliste » où l’habitation devient forteresse.
Si la thématique
« conspirationniste » est au cœur du nouvel ouvrage de Brecht Evens,
il est évident que comme à son habitude, l’auteur sait s’en détacher afin
d’inventer un récit aux ramifications bien plus riches et labyrinthiques que la
seule énonciation des faits.
Le Roi Méduse (partie 1),
se révèle être une imposante chronique d’une plongée dans les méandres d’un
dérèglement comportemental dans lequel l’amour qui unit un père à son fils les
amène à s’extraire de la société.
Les théories imposées par le père
-tout aussi délirantes qu’elles soient – s’ont forgées par une froide
rationalité. Le graphisme de Brecht Evens -toujours prodigieux- est gorgée
d’une même propension analytique gorgée des possibles contenus dans un même
dessin. A ce titre, le passage où Arthur observe la télévision du voisin depuis
sa chambre, puis ferme les yeux, et étudie les taches sur sa rétine, « jusqu’à
ce que quelque chose apparaisse », est révélateur. Les propositions
graphiques pourtant emplis de géométrismes sont sans cesse striées de
fulgurances qui amènent le récit vers les zones les plus intimes et enfouies.
De même l’emprunt à un champ lexical romanesque tel que le conte -déjà présent
dans l’indispensable Panthère- annihile la frontière entre la narration
« documentaire » d’une dérive et un catalyseur à imaginaire.
Texte et graphisme sont emplis de
ce même tiraillement.
Le Roi Méduse, est le
sommet de l’œuvre d’un immense auteur de bandes dessinées qui s’extrait de
toute propension à la pure démonstration graphique. Si on est subjugué par la
beauté et la plasticité des encres et aquarelles de couleurs inventées par
l’auteur, on l’est tout autant par la complexité du récit qu’il déroule et la
simplicité avec laquelle il expose son univers. Découpage et enchaînement des
séquences n’avaient jamais été si limpide chez Brecht Evens. On imagine la
somme de travail qu’à dû fournir ce dernier pour nous offrir œuvre à la fois
complexe, belle et captivante.
Depuis sa sortie en janvier, nous
avons lu, puis relus de nombreuses fois ce livre avec une intime
conviction : Le Roi Méduse est un des plus beaux livres qui soit.
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