Celestia – Manuele Fiore – éditions Atrabile

 Celestia – Manuele Fiore – éditions Atrabile

 

 

De Manuele Fiore, on attendait un nouveau livre tant on considère que Cinq mille kilomètres par seconde et L’entrevue sont des œuvres essentielles de la bande dessinée contemporaine.

Celestia, publié aux éditions Atrabile, est sans doute ce que l’auteur italien aura réalisé de plus personnel et ambitieux depuis ses premiers livres en 2004.

On est d’emblée époustouflé par la beauté de l’objet qui s’offre à nous. L’ouvrage, compact, aux couleurs délicates, révèle dès les premières pages la grâce de son graphisme. Manuele Fiore est sans égal pour rendre à la lumière les sentiments les plus intimes de ses personnages. Les expressions des visages, la gestuelle des corps, parviennent à inventer une sensualité, une vitalité, mais aussi une tendresse, comme rarement la bande dessinée est capable de nous en insuffler. 

La gageur du récit est là : nous offrir une errance lumineuse au sein des sensations les plus indicibles.

Pour cela, l’auteur s’appuie sur un récit à mi-chemin entre science-fiction et évocation d’une ville aux allures de Venise éternelle et labyrinthique : Celestia. Cette cité tentaculaire, inquiétante, remplie de personnages masqués, se révèle vite un motif de fascination pour le lecteur... de même que Pierrot et Dora, couple de jeunes télépathes en fuite dans des paysages aussi déroutants que porteurs d’émerveillement.

Manuele Fior se refuse à nous donner les clés de son monde. Il nous permet de nous y promener, de nous y égarer avec délectation, d’en chercher les interprétations, les possibles. Dans ce monde définitivement mouvant, il parvient à nous offrir une expérience sensorielle des plus fascinantes.

Celestia est la grande œuvre d’un auteur que l’on imaginait pourtant déjà à son sommet.


 



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