Michel Plessix (1959 /2017)
J’ai découvert le travail de
Michel Plessix en 1991- lors du festival de bande dessinée de Solliès-Ville. J’avais
alors 14 ans et étais passionné par la bande dessinée. Ma première dédicace fut
sur le premier tome de la série Julien Boisvert intitulé Neêkibo. J’eus la
chance par la suite de faire dédicacer les deux tomes suivants : Gris noir
et Jikuri. A chacune de ces –brèves- rencontres, Michel Plessix prenait non
seulement le temps de réaliser une superbe dédicace, mais également d’échanger
avec le dessinateur de BD amateur que j’étais. A l’époque, j’ai été marqué par
ces dédicaces : Michel Plessix traçait tout d’abord un cadre rectangulaire
dans lequel il dessinait avec méticulosité un personnage en premier plan, se
découpant devant un vaste panorama. Puis, d’une belle écriture, il parachevait
son geste d’une courte phrase ponctuée
de sa signature. Comme je le disais, j’éprouvais tant d’admiration pour ses
dédicaces que je recopiais moi-même ce schéma lorsqu’une rare personne de ma
classe de lycée souhaitait que je lui donne un de mes propres dessins.
Car oui, Julien Boisvert
est
avant tout pour moi un souvenir de lycée. Outre le fait qu’avec ce
personnage, je
découvrais un personnage bien plus complexe que ses allures de boy scout
ne
pouvaient laisser imaginer, j’y découvrais aussi des histoires d’amitié,
d’amour,
d’abandon, de rapport au père et de trahison. Le tout était servi par un
graphisme
qui, sous les mêmes apparences bonhommes que son récit, se révélait
grouillant de vie, de détails, de désir. Ne se figeant jamais, Michel
Plessix ne cessait de faire évoluer son trait, de le
perfectionner, de se confronter à de nouveaux effets de mises en pages
jusqu’à
atteindre une forme d'aboutissement dans le dernier opus. Je me souviens
encore
des échanges avec mon ami Fred lors de la sortie de cet ouvrage. Nous
l’avions
lu chacun de notre côté puis nous nous retrouvions pour décortiquer avec
enthousiasme chacune des pages qui le constituait.
Dans Le vent dans les saules,
puis Là où vont les fourmis, si je ne pouvais qu’admirer l’élégance de son trait,
je regrettais un peu cette noirceur et ce graphisme mouvant qui animait avec tant de
vigueur Julien Boisvert.
Michel Plessix est décédé ce
lundi 21 août 2017. S’il fait partie de ces auteurs qui auront eu une belle place dans mes souvenirs de lecteur, il
occupe une place encore plus rare, celle de ceux qui auront véritablement
accompagné un moment de ma vie.
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