Sur les ailes du monde, Audubon -Fabien Grolleau et Jérémie Royer- éditions Dargaud- 2016.
Sur les ailes du monde, Audubon
nous raconte l'histoire de Jean-Jacques Audubon, naturaliste et peintre
ayant sillonné les Etats Unis au début du 19eme siècle avec le projet de
peindre ou dessiner tous les oiseaux d'Amérique du Nord "avant que la
civilisation n'ait décimé Indiens et bisons, couvert la prairie de
chemins de fer, de comptoirs et de villes" pour reprendre la formule de
Michel Le Bris dans sa préface au Journal du Missouri du même Audubon
(éditions petite bibliothèque Payot). C'est cette quête démesurée que
mettent en scène Fabien Grolleau et Jérémie Royer. Tout au long des 174
pages que compte le livre, on est happé pat le souffle romanesque du
récit. Audubon n'apparaît pas comme un modèle, ni un "précurseur de
l'écologie", mais plutôt comme un homme passionné, en lutte incessante
contre son environnement. La nature y devient source d'admiration, mais
aussi d'hostilité, de sauvagerie. Quant à ces retours à la
civilisation, en quête de souscripteurs mais aussi d'une vie familiale,
ils démontrent sa solitude. Cette dernière mêlée à un désir
irrépressible de mener ses ambitieux projets à terme le conduira à
effleurer parfois une forme de folie. La représentation des paysages,
ainsi que des animaux rencontrés est de toute beauté. La visite d'un
tronc d'arbre empli de nids d'hirondelles suffira à enthousiasmer le
lecteur le plus réticent. Tout y est affaire, de découverte, de plaisir
et d'émotion liés à la contemplation. Mais la grande force du récit,
ainsi que de sa mise en images, est de ne jamais oublier que tout grand
récit d'aventure aussi merveilleux soit-il est toujours empli d'une
certaine noirceur. Celle contenue dans la chair même de son
protagoniste, mais également celle de ce monde qui est amené à
disparaître. Sur les ailes du monde, Audubon, est de ces grands livres là.
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