Hâsib
et la reine des serpents - David
B. - Gallimard - 2015.
Un
nouvel album de David B. est toujours un événement, qu’il
intervienne en tant que scénariste (Le Capitaine écarlate, Terre de feu, Les Faux Visages…), dessinateur (Les Meilleurs Ennemis), ou dessinateur et scénariste à la fois (L’Ascension du Haut-Mal, Par les chemins noirs, Le Tengû carré, Les Incidents de la nuit, etc.).
Chacune
de ses propositions est une nouvelle pièce s’ajoutant à l'édifice
de son œuvre. Les obsessions sont là : une noirceur, une mythologie
faite de références littéraires qui vont de Mac Orlan à Marcel
Schwob, en passant par Les Mille et une nuits et d'autres romanciers plus ou moins
identifiés, et qui traversent tous ses albums, qu'ils soient
autobiographique, de fiction ou à vocation historique. Si ses récits
sont gorgés de culture, il en va de même pour son graphisme et ses
mises en page qui puisent à la fois dans les miniatures médiévales,
persanes, l'art primitif ou les illustrations de romans populaires.
La grande force de David B. est d'avoir assimilé toutes ces
inspirations, d'en avoir fait un conglomérat qui se révèle unique,
au point de pouvoir le considérer comme un des auteurs les plus
importants de la bande dessinée actuelle. Après s'être confronté
à un de ses auteurs favoris, Pierre Mac Orlan, avec Roi Rose (également chez Gallimard BD), il nous revient cette
fois avec Hâsib et la reine des serpents, relecture du conte de Hâsib Karîm
ad-Dîn (Nuits 482 à 536) extrait des Mille et une nuits. Si certains de ses albums ont déjà évoqué
cette œuvre majeure (on pense à la série Les Chercheurs de trésors publiée chez Dargaud), c'est la
première fois que l'auteur s'attache à sa transposition directe. Ce
conte est composé de trois récits qui s'accolent avec élégance
dans cet album d'ouverture : celui de Hâsi Karim ad-Dîn, fils du
sage Daniel, celui de Bulûqiyya, fils du roi des Hébreux du Caire,
et celui de Jânshâh, fils du roi de Kâbul. L'enchaînement des
périples des trois protagonistes est narré par l'auteur avec un
enthousiasme qui unit l'ensemble et en fait une œuvre jubilatoire.
Le texte, fidèle au conte d'origine, est accompagné d'une réflexion
incessante sur sa mise en image et sur sa transposition possible dans
un autre médium. Si le piège de « l'adaptation littéraire »
s'est révélé bien souvent fatal à nombre de bandes dessinées, au
point de n'en devenir que des simplifications, Hâsib et la reine des serpents n'est pas une simple relecture.
Elle nous en propose un autre versant. À chaque récit correspond
une empreinte spécifique. Si l'aventure initiatique de Hâsi Karim
ad-Dîn nous est contée avec des mises en page et un graphisme
relativement classique, celle beaucoup plus tourmentée de Bulûqiyya
est faite de lignes serpentines et d'arabesques qui ne cessent de
mettre en péril ses figurants, tandis que l'onirisme qui imprègne
la quête de Jânshâh fourmille de détails dans les décors, de
méticulosité dans le traitement des motifs, révélant ainsi une
forme de naïveté qui peut évoquer les peintures du Douanier
Rousseau, voire la ligne claire chère à Hergé. C'est ainsi que la
narration s'invente, et jamais ne se fige, tout au long des soixante
planches de l'album, afin, non seulement d'enthousiasmer notre
regard, mais aussi d'être au plus près des vies et des mythes que
l'auteur se plaît à nous dépeindre. Cette croyance en son récit,
cette volonté de ne jamais se limiter à l'illustration, n'est pas
la part la moins admirable du travail de David B.
Bonjour,
RépondreSupprimerJ'ai trouvé sur le net une page d'un album de David B et depuis je cherche de quel album cet extrait proviens. Pouvez-vous m'aider?
Bonjour,
RépondreSupprimerJ'ai trouvé sur le net une page de David b et je cherche depuis de quel album elle est extraite. Pouvez-vous m'aider?
Bonjour...je peux tenter...dites moi.
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