Le
bateau-usine – Kobayashi Takiji – éditions Allia (poche) –
2015.
Publié
pour la première fois au Japon dans la revue Senki en 1929,
Le bateau-usine de Kobayashi Takiji nous est aujourd'hui
proposé dans l'essentielle collection de poche des éditions Allia.
Outre son importance historique, dans sa description des conditions
inhumaines des travailleurs opérant sur des bateaux-usines, lieux de
pêche et de conserverie de crabe, le texte n'a aujourd'hui encore
rien perdu de sa puissance. D'abord par la puissance d'évocation de
cette immense bête qu'est le bateau-usine. Lieu de vie, aux
dimensions insensées, composé de différentes strates dans
lesquelles chaque corps de métier opère. On est totalement immergé
dans cet espace nauséeux dans lequel chaque être embarqué s'épuise
au dépend de toute raison. L'individu s'efface face au collectif et
ne se définit plus que par sa fonction. La violence présente à
chaque page,répondant à une unique exigence de rentabilité,
finit par conduire des hommes, exténués, meurtris et humiliés, à
envisager ce qui paraît impensable dans la société japonaise des
années 2. Par ses qualités d'écriture et les enjeux sociaux qui le
sous-tendent, Le Bateau-usine vous accompagnera bien après sa
lecture et s'affiche comme une véritable classique de la
littérature.
«Des
volutes de cendres en suspension indiquaient que le foyer venait
d'être vidé des résidus de charbon et lavé à grande eau. Assis
par terre à moitié nus, les machinistes bavardaient en fumant. Dans
l'obscurité, on aurait pu les prendre pour une bande de gorilles
accroupis. La porte du coffre à charbon restée bâillante laissait
entrevoir les froides ténèbres tapies à l'intérieur.»
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