Le chemin s’arrêtera là – Pascal Dessaint – éditions Rivages – 2015.
Dès
les premiers mots, on est happé par l’écriture concise mais
chargée en intensité de Pascal Dessaint: «J’aimerais
raconter le vent qui mugit dans l’acier, et puis notre méchanceté».
Cette phrase inaugurale dépeint toute la tragédie qui se noue tout
au long des 222 pages qui composent ce récit. Le décor en est une
digue dans le Nord, partagée entre bâtiments industriels laissées
à l’abandon, blockhaus souvenirs d’un passé lointain, et la mer
avec ses mouvements incessants.
A
l’image de ce paysage, les personnages meurtris qui le composent
semblent perdus, sans repères, oubliés de tous. Le chemin
s’arrêtera là, au-delà de son inscription la grande
tradition du polar social, parvient à nous éblouir par
l’incarnation de chacun de ses personnages. On est constamment tenu
par la pesanteur des faits qui se partage avec l’élégance de
l’écriture. Pascal Dessaint s’exempte de toute fioriture et nous
offre un récit près de l’os, qui reste longtemps dans votre
esprit après sa lecture.
«La
digue, c’était un plan incliné de quelques dizaines de mètres de
large seulement sur sept kilomètres de long, à peu de chose près
la longueur du bassin qui séparait de l’usine sidérurgique. Le
béton était usé et très irrégulier, mais il tenait le coup, il
faut dire qu’on avait mis les moyens. Pour construire cette satané
usine, on avait dégagé quinze millions de tonnes de sable, gagné
quatre-vingt-cinq hectares sur la mer et utilisé, ne serait-ce que
pour la digue, trois cent cinquante mille tonnes de béton bitumeux».
Merci pour le commentaire. Je ne le connais pas lui, mais le bouquin est vraiment fort...l'écriture et le contenu.
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