Et
ils oublieront la colère – Elsa Marpeau – éditions Série
noire / Gallimard – 2015.
Durant
l'été 2015, à proximité d'un lac de l'Yonne, un homme est
retrouvé assassiné. Ce dernier, professeur, vouait une fascination
quasi obsessionnelle à des événements ayant eu lieu dans ce même
territoire en 1944 : la tonte de femmes soupçonnées de
collaboration avec l'ennemi, et plus particulièrement le douloureux
destin de Marianne. Plus de soixante-dix ans après, Garance
Calderon, la gendarme chargée d'enquêter sur cet homme retrouvé
mort, est persuadée que les deux histoires sont liées.
Elsa
Marpeau ne cherche aucunement à se substituer à un travail
documentaire. A l'érudition et à la «reconstitution» historique,
elle préfère donner vie à ses personnages et nous laisser
entrevoir comment les hommes peuvent se laisser aller à l'hystérie
collective et aux mensonges les plus inavouables. La cruauté
surgissant dans les jours de liesse peut apparaître à chaque
instant. C'est dans la description sous tension de ces déchaînements
de violence partagée que le roman puise ses plus belles pages.
«Christophe
hurle: Tue! Tue!
La
foule s'électrise. Garance distingue mal leurs visages, baignés
dans l'obscurité. Elle ne perçoit que des trous noirs, les yeux et
la bouche ouverte en cris de haine ou de fureur. Puis, à mesure
qu'elle s'habitue, elle les reconnaît. Ils sont tous là.»
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