Les
idées noires - Franquin - éditions Fluide Glacial - 1977/1983.
Démarrées
dans le Trombone illustré en 1977, puis poursuivies dans
Fluide Glacial jusqu'en 1983, Les Idées noires sont un
monument de la bande dessinée.
Dans Les
Idées noires, Franquin s'attaque avec jubilation à la
pollution, à la chasse ou aux militaires... mais n'était-ce déjà
pas le cas dans les moments sublimes et inattendus de ses autres
albums? On peut citer pour mémoire le professeur Sprtschk mangé par
un dinosaure dans Le voyageur du Mésozoïque paru pourtant en
1960.
Pour
autant, Les Idées noires sont gorgées d'un profond désespoir que
Franquin parvient à rendre jubilatoire. Le graphisme y est
stupéfiant de beauté mais aussi porteur d'une force quasi
obsessionnelle. Franquin gratte le papier, le noircit jusqu'à
saturation. Tout y est vibrant, organique et fragilisé à l'extrême.
Il faut avoir eu la chance de voir des planches de Franquin en vrai
pour en apprécier la sidérante maîtrise. Bien sûr, on peut
préférer le graphisme stylisé, dynamique et épuré de sa première
période (un sommet étant Spirou tome 8, La mauvaise tête)
mais on ne peut que reconnaître la beauté inhérente à ce
travail-là également.
Les gags
répondent à une mécanique parfaitement orchestrée où rien n'est
de trop. Tout semble facile, fluide mais surtout faisant preuve de
l'immense métier du grand artiste.
Dernier
coup de génie d'André Franquin, Les Idées noires ne
surpassent pas les autres albums de l'auteur, autres chefs-d'œuvre
absolus de la bande dessinée tels que certains Gaston (notamment Le
cas Lagaffe) ou Spirou (Z comme Zorglub, Panade à
Champignac, La corne du Rhinocéros et tant d'autres) mais
elles nous en proposaient un versant inédit (quoique soupçonné) de
l'auteur.
Dire
pour finir que la plupart des "gags" présents dans cet
album ont marqué le lecteur à jamais et qu'il n'est pas rare
d'évoquer avec un autre lecteur une planète labyrinthe, une
cartouche de marque pandan-lagl ou un caillou dans la sandale du
Christ et de s'émerveiller encore de la force qu'ont pu avoir ces
histoires sur notre imaginaire.
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