L'alchimiste
de Khaim
/ Zombie ball
– Paolo Bacigalupi – éditions Au diable Vauvert – 2014.
Deux
nouveaux ouvrages de Paolo Bacigalupi sont publiés ce mois-ci aux
éditions Au diable vauvert. De cet auteur américain, on avait été
admiratif de La
fille automate
(2012), puis séduit par le souffle de ses Ferrailleurs
des mers (2013).
Aujourd'hui,
il nous revient avec deux ouvrages peut-être moins ambitieux mais
dans lesquels on ressent le même plaisir évident à raconter des
histoires.
D'abord
Zombie
ball,
plus destiné à un public adolescent mais dont l'humour, et les
incessants clins d’œil
à l'univers des comics (Transmetropolitan
entre autre) et
du cinéma (on pense à Super
8
de J.J. Abrams) ne
peut que nous séduire. Dans ce roman débordant d’énergie,
on va découvrir un abattoir de la marque Milrow où les vaches sont
parquées
dans de gigantesques enclos, avant d'être abattues,
puis conditionnées
afin de fournir les supermarchés et les fast-foods de sept États.
Sauf qu'à force de nourrir
les
animaux avec
des résidus d'autres,
une partie de ceux-ci sont devenus des vaches-zombies. Il en va de
même pour la population qui s'en nourrit. Bien évidemment,
l'abattoir refuse de prendre ses responsabilités et continue à
sur-produire sa viande. «Viande
Milrow, bœuf de première qualité: de nos ranchs familiaux à votre
assiette»
disent-ils. Roman hilarant, mais non sans contenu, Zombie
ball
a l'immense qualité de ne pas prendre ses protagonistes -ni ses
lecteurs- pour des décervelés. Sous son couvert «fun» et
«déjanté», il nous décrit un monde effroyable dans lequel une
bande d'adolescents
nourris
de culture bis s'échine à défendre des valeurs. Exercice de style
peut-être, mais qui démontre une fois de plus son talent de
conteur.
C'est
cette dernière qualité qui épate dans la deuxième publication,
L'alchimiste
de Khaim,
court texte de 120 pages mais dont la narration vous charme dès les
premières lignes. Dans un monde où chaque utilisation de la magie
est punie de mort et où l'horizon est bloqué par des ronciers
proliférants et vénéneux, un alchimiste parvient à inventer une
arme, un balanthast,
qui permettrait à la cité de se débarrasser de ce fléau
endémique. On est fasciné par la facilité avec laquelle Paolo
Bacigalupi parvient en quelques pages à imposer son univers, à en
expliquer tous les tenants, et à nous y guider avec une véritable
joie. Il faut se laisser emporter par les talents de conteur de Paolo
Bacigalupi.
«Le
roncier nous dominait en d'innombrables couches emmêlées,
l'avant-garde d'une forêt impénétrable qui s'étendait jusqu'à la
Jhandpara des contes. A la lumière de nos torches, le roncier
lançait des ombres étranges et affamées, semblait avide de nous
serrer dans son étreinte soporifique.»
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