Et
rien d'autre – James Salter- éditions de l'Olivier – 2014.
Avec Et
rien d'autre, James Salter nous offre un roman à la fluidité
éblouissante, démarrant à la fin de la Seconde Guerre Mondiale et
parcourant notre siècle jusqu'aux années 90, à travers la vie de
Philip Bowman, directeur littéraire au sein d'une maison d'édition.
De
chapitre en chapitre, il évoque cette vie, avance par strates de
temps dans lesquelles les destins de chacun des personnages semblent
se compléter, s'écarter ou se renouer à nouveau afin de nous
dresser un portrait non pas d'un homme, mais d'une certaine
génération.
Roman
passionnant dans lequel on évoque à la fois Tolstoï ou Ezra Pound,
tout en proposant parmi les plus belles pages de ce que l'on a pu
lire sur le sentiment amoureux. Et rien d'autre séduit par sa
fluidité et son style d'une rare élégance. Tout y est brillant,
distancié et au final porteur d'une si belle mélancolie.
«Sa
vie était exceptionnelle: il avait su l'inventer. Il avait rêvé de
s'élever jusqu'aux cimes, se précipitant sans peur à l'assaut de
la vague au milieu de la nuit, comme un poète ou un surfeur de
Californie, comme un fou, mais il y avait aussi la réalité tangible
du matin, le monde encore endormi, et Christine qui dormait à ses
côtés. Il pouvait lui caresser le bras, la réveiller s'il le
voulait. Il en était malade rien que d'y penser. Malade de tous ces
souvenirs. Ils avaient fait des choses ensemble qui l'amèneraient un
jour à regarder en arrière et à comprendre qu'il était l'amour de
sa vie. C'était une idée un peu sentimentale, la trame d'un roman à
l'eau de rose. Elle ne regarderait jamais en arrière. Il le savait.
Leur histoire ne représentait que quelques pages succinctes. Même
pas ça. Il la haïssait, mais que pouvait-il y faire?».
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