La
cité sans aiguilles Marc
Torres - éditions Viviane Hamy – 2014
Un
premier roman qui tient à la fois de la fable, du conte et du livre
de sagesse, une véritable réussite.. Si vous avez gardé des
souvenirs émus des romans d'Italo Calvino comme Le
château des destins croisés et le
chevalier inexistant, ou bien du personnage de Sinbad
le marin, dans les sept
voyages de Sinbad le marin il vous faut lire à tout
prix La cité sans aiguilles.
Une
ville dont on ne sait si elle est réelle ou imaginaire,la Cité sans
Aiguilles, dont on ne connaîtra le secret qu'aux deux tiers du
roman. Trois personnages à la recherche de leur vérité, qui
doivent gagner, aux deux sens du terme, atteindre et triompher, cette
cité, sans savoir ni pourquoi ils doivent atteindre ce lieu,ni où
il se trouve. Nous suivons d'abord l'itinéraire de chacun des trois:
l'horloger qui est passé maître dans l'art de construire et de
régler les machines à dominer le temps:«non je ne vais pas
t'apprendre mon métier, je vais t'apprendre mon art.», le
guerrier, maître dans l'art du temps du combat , «elle ne rôdait
jamais très loin de la cité ,la guerre. A la salle venaient parfois
des hommes durs, aux visages absents, et lorsque ceux-là se
battaient, on sentait que c'était contre leurs souvenirs qu'ils le
faisaient.» et l'écrivain , maître des mots qui permettent à
leur tour de dominer le temps: «On dit que tu sais dessiner les
mots. C'est vrai? C'est une idée de ce genre, admit l'écrivain. On
appelle cela écrire. C'est comme pour le nom des étoiles; dessiner
les mots faisait peur, alors on inventé un mot pour se rassurer:
écrire».
Un
quatrième personnage affleure le cours du récit à divers moments:
le roi blanc. Ce dernier, dont l'auteur conte toute l'histoire, fut
d'abord un palefrenier qui, simplement armé de son bâton, chercha à
obtenir la victoire pour épouser la fille du roi, Elvira:
«Qu'aurait-il pu répondre? Qu'elle était la fille d'un seigneur
des environs? La plus belle, la plus souriante, celle dont le rire
s'élevait en cascade jusqu'à faire s'éteindre le chant du
rossignol? Que, lorsque ce rire s'accrochait dans le cœur des
garçons, il était impossible de s'en défaire?» Cette histoire
du roi blanc que l'on reconstitue peu à peu est tellement proche du
conte de fée traditionnel que l'on ne peut que douter de sa
véracité, et surtout de l'intérêt dans la compréhension du
récit. Et pourtant:«Quand on sait où l'on va, ce sont les
chemins qui vous trouvent. Mets toi en route et ta route apparaîtra.»
Il
faut être gré à l'auteur de nous avoir fait partager ce «road
movie» fantastique où chaque étape du récit, tel un parcours
initiatique, apporte un nouvel éclairage sur l'objet de cette quête
et nous emporte à la découverte d'une autre réalité.
« Oui, dans le vent j'ai
entendu cette légende. Croyez la si vous voulez. Toutes les
histoires sont vraies, il suffit de le décider. »
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