Dragon
bleu, tigre blanc - Quiu Xiaolong - Liana Levi - 2014
Pour
les amateurs de Xiaolong, nous retrouvons l'inspecteur Chen, ce
policier qui est comme l'auteur, spécialiste de T.S.Eliott, et dont
le père, néo-confucéen ,a été victime de la répression au
moment de la révolution culturelle. Il s'agit là d'un grand
Xiaolong, où s'entrecroisent toute la culture ancestrale chinoise,
les réminiscences de poèmes remontant aux origines de l'Empire du
milieu, la découverte, pour le lecteur, de la tradition de l'opéra
de Suzhou, mais aussi la Chine des années quatre-vingt-dix, avec une
ouverture sauvage à l'économie capitaliste, le seul contrôle étant
celui du parti communiste, ou plutôt des cadres du PC, ceux que les
chinois appellent les «gros sou » qui s'enrichissent et
placent à l'étranger les capitaux détournés, car ils savent
qu'ils peuvent disparaître de la hiérarchie du jour au lendemain.
Une société oppressante à lire Xiaolong, car rien n'est explicite,
tout demande à être décodé en permanence. Dans cet entrelacs,il y
a des personnages comme Chen ou son ancien collègue, «Vieux
chasseur» qui essaient de rester fidèles à leurs idéaux de
jeunesse et à la culture traditionnelle de leurs anciens. Difficile
de rester fidèle dans cette société, Chen l'apprend à ses
dépends, trop sérieux et accrocheur dans ses enquêtes, il se voit
retirer dès le début du roman son poste de chef de la police pour
un poste plus prestigieux en apparence, qui n'est en fait qu'une mise
à l'écart d'une enquête dans laquelle de gros intérêts touchant
la Direction du Parti sont en jeu. Autant dire que la position de
Chen est de bout en bout de ce très beau roman conforme à ce
proverbe très ancien : «On a beau posséder des montagnes
d'or et d'argent, en un jour, l'empereur peut tout emporter sans un
mot.»
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