Wet Moon – Atsushi
Kaneko – éditions Sakka – 2013.
Wet Moon est la nouvelle courte série
de Atsushi Kaneko annoncée en trois tomes et succédant à
l'immense Soil (éditions Ankama) dont on disait le plus grand
bien ici.
Comme à son habitude, on va comparer le style
de cet auteur de manga atypique, à Charles Burns ou Paul Pope pour
le graphisme et à David Lynch pour les constructions scénaristiques
labyrinthiques. Pour autant, ces filiations forcément réductrices
ne disent en rien les trésors insensés qui se trouvent mis en jeu
dans chacune de ses propositions.
Wet Moon, d'apparence plus classique que
ses prédécesseurs Bambi et Soil, nous narre
l'histoire de l'inspecteur Sata, blessé suite à la poursuite – et
à la fuite- de Kiwako Komiyama, principale suspecte d'un meurtre. De
cet échec, il gardera un mystérieux éclat métallique niché dans
son cerveau et une obsession délirante envers la jeune femme.
Comme à son habitude, Kaneko infuse son album
de références cinématographiques plus ou moins revendiquées: du
Voyage dans la lune de Méliès au fétichisme d'Hitchcock
dans Vertigo... Son graphisme d'une précision impressionnante
répond à une mise en page millimétrée. Si le rappel au
vocabulaire cinématographique est là, il ne faut pas se méprendre:
loin de tout déploiement purement formaliste, ce qu'interroge Kaneko
c'est la richesse de son médium et non une «copie» de son lointain
cousin. A ce titre, on peut admirer la page 195 présentant Sata
enfant, perdu dans la foule et perdant progressivement sa mère.
Planche sans texte mais où la tension dramatique est palpable,
angoissante à l'extrême. C'est par ces trouvailles narratives
incessantes que se construit un récit d'une richesse sensorielle
éblouissante.
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