Les
ombres
– Zabus et Hippolyte – éditions Phébus- 2013.
Hippolyte,
auteur touche à tout dont on attend chaque parution avec désir,
nous revient avec Les
ombres,
sur un scénario de Zabus, adapté de sa propre pièce de théâtre.
Un
frère et sa sœur -dont les visages se limitent à de schématiques
masques- fuient le Petit Pays qui est ravagé par des cavaliers
sanguinaires avides de supposées richesses enfouies. Tous deux vont
vers l'Autre Monde. «Là-bas...c'est
le pays du bonheur! Là-bas, tu auras une maison avec une rivière
qui coule à l'intérieur et qui te donne à boire quand tu as soif
(…) Je te le promets.»
Dans
ce trajet jalonné de drames, les deux protagonistes se doivent de
lutter non seulement pour survivre, mais également pour rester
humain. Pour cela, le frère est accompagnée des Ombres,
esprits des êtres disparus qui l'obligent à continuer et à
raconter la réalité de son parcours. Le récit se terminera par un
bouleversant message adressé par celles-ci : «Ne
t'en fais pas pour nous maintenant, vis !».
Les
ombres
est un album à la force exceptionnelle. Graphiquement, Hippolyte
s'invente à chaque instant avec le souci de coller au plus près de
son propos. Aucune image n'est attendue, aucune scène n'est
évidente. La mort d'un personnage, malgré son économie de moyen,
devient porteur d'un vrai agglomérat de sensations.
Récit
proche d'un conte, d'une fable pour enfant, avec ses scènes de
forêts menaçantes, ses ogres, ses sirènes, Les
ombres
nous parle pourtant avec force de ce qu'est l'exil, de ce que c'est
que de devoir s'arracher de son pays, des siens, de vivre avec la
peur au ventre et la mort des siens, d'être exploité, trompé,
interrogé, soupçonné...
La
bande-dessinée Les
Ombres
– et sa relative abstraction- nous remue bien plus que bien des
bandes dessinées de reportages et nous propose un objet dont
l'ambition de propos est égale à sa qualité artistique.
Finir
et dire que Les
Ombres
ne se raconte pas, il se vit, et est une de nos plus belles
expériences de lecture bande dessinée de l'année 2013.
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