Esprit
d'hiver - Laura Kasischke - éditions Christian Bourgois –
2013.
Une
seule et unique journée nous est contée dans cet éblouissant
roman de Laura Kasischke, celle des fêtes, des réunions de famille
et des surprises : celle du 25 décembre. Holly, Américaine,
s'y réveille avec un sourd mais tenace sentiment d'angoisse et
cette impression que « quelque chose » les avait suivi
depuis la Russie.
Le
roman en son entier est sous-tendu par cette crainte, cette faille ,
qui nous laisse imaginer à chaque instant le pire. Les apparences
feutrées et protectrices, accentuées par cette neige abondante et
incessante qui se colle aux fenêtres, semblent pouvoir céder à
tout moment et révéler une véritable tragédie. Ne pas trop
raconter le livre est nécessaire tant il se vit, s'éprouve et
force l'admiration. A aucun moment l'auteure ne succombe à une
quelconque facilité, à une ostentation de ses effets, et fait une
absolue confiance à ses qualités d'écriture. L'apparente
simplicité de celle-ci dévoile progressivement toute sa force, et
semble nous enivrer par ses couches successives et parfois
contradictoires. Tout comme dans Une
si lente obscurité
de Alain Julien Rudefoucauld, paru également en cette rentrée, le
final (dont on se doit de ne rien dire) vient remettre en cause tout
ce qui a fait votre lecture. Loin d'être un « tour de
passe-passe », la dernière page non seulement vous
désarçonne, vous propose de repenser l'ensemble du texte, mais
surtout elle vous bouleverse, vous déchire.
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