Daté
de 1953, ce récit anonyme raconte le parcours d'un jeune homme issu
d'un milieu bourgeois qui, suite à l'échec de sa scolarité, doit
se confronter au monde du travail. Deux ans à trimer dans des
scieries, à y faire sa place, à ressentir la fatigue et la
souffrance du corps.
Le
texte nous est présenté comme un témoignage et non comme un roman.
Pas d'intrigue ici. Des zones d'ombres laissées comme telles. Tantôt
diatribe «La
vie continue. En plein hiver, par tous les temps, je pars à un
boulot qui me désespère, avec une bande de cons et de salauds»,
tantôt éloge du travail qui vous forge «Eux
seuls connaissent la valeur de l'effort, parce qu'ils sont habitués
à souffrir. Ils ne savent pas tous lire, mais ils sont courageux,
costauds, décidés. Ce sont des forts»,
le texte avance, vous happe et ne cesse de révéler sa force
d'écriture. Le narrateur vous fait ressentir la charge, la tension
et le risque qui sommeille dans chacun de ses gestes. Le sang se mêle
aux coupes de bois. Les machines et les hommes sont à la limite de
la rupture à chaque instant. «Si
une main pousse plus ou moins fort que l'autre, c'est la coupure ou
le choc du bois en pleine gueule. Aussi quand je présente mon
croisillon aux lames, j'ai les jetons.». Le
texte de 140 pages n'est emplit que de ces moments forts faits
d'orgueil, de souffrance et d'implication physique.
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