L'album
nous raconte une histoire simple : celle de Léon
Van Bel, mécanicien-chauffeur
de la 12, locomotive impressionnante qu'il surnomme « la
Douce » tellement leur lien est devenu fort avec les années.
Mais un jour, face entre
autres aux
eaux qui montent inexorablement, les autorités
décident
d'en finir avec le rail pour privilégier
les airs avec
le téléphérique,
symbole de la modernité.
Sauf que Léon
Van Bel refuse de laisser sa machine aux mains des ferrailleurs, et
est prêt
à tous les stratagèmes
pour retrouver et sauver sa « Douce ».
François
Schuiten est pour la première
fois l'auteur unique
de cet album. Avec
une carrière
débutée
en 1977 et
de grands succès
tels Les
Terres creuses
(avec Luc Schuiten) et surtout Les
Cités obscures
(avec Benoit Peeters) dont le dernier volume est sorti en 2008, voici
un album unique (one-shot)
réalisé
entièrement
par l'auteur. La première
impression est que, sans être
forcément
à
la recherche du « beau » dessin, on ne peut qu'être
admiratif devant l'ampleur
du travail réalisé
par Schuiten. Les dessins sont tout simplement
magnifiques. Il suffit de parcourir l'album pour être
happé
par cet univers aux machineries et décors
extraordinaires. Par
un dessin, Schuiten
sait vous rendre toute la magie, la force et la mélancolie
que peut comporter une locomotive. Chaque dessin est bien plus qu'une
représentation,
il fait sens et est porteur d'une réelle
charge émotionnelle.
L'album
n'en manque pas de
moments de bravoures. On
peut citer les paysages envahis
par les eaux, la ville quadrillée
de téléphériques
ou le cimetière
de voitures. On est émerveillé
du début
à
la fin. La grande intelligence de François Schuiten, pour son
premier album en solitaire, est d'avoir simplifié
son histoire à
l'extrême
et de
faire
confiance à
la force romanesque de son dessin. Dans
Schuiten
et Peeters, Autour des Cités Obscures
(éditions
Mosquito, 1994), le dessinateur définissait
son ambition : « Le plaisir, c'est de lire une vingtaine
de pages et de reprendre le lendemain pour faire durer les
sensations... Que le lecteur vive un long moment avec l'histoire et
qu'elle ne s'efface pas tout de suite de sa mémoire ».
25
ans après La
Tour
(chef d'œuvre
incontestable), l'auteur parvient à
nous proposer un de ses tout
meilleurs albums... et
un album qui ne s'efface pas.
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