Franquin et les fanzines – éditions Dupuis - 2013


Franquin et les fanzines – éditions Dupuis - 2013


Ce pavé de 480 pages regroupe les entretiens accordés par André Franquin à des fanzines, aux noms plus improbables les uns que les autres (Falatoff, Antirouille, Krukuk, Saucysson magazine... ) de 1971 à 1993. Le livre se révèle passionnant tant par les propos du créateur de Gaston Lagaffe que par le panorama qu'il nous dresse de l'histoire des fanzines. A ces publications à tirages plus ou moins confidentiels, dont le terme est composé de la contraction de "fanatique" et "magazine", Franquin n'a pas été avare à répondre à leurs sollicitations. Bien sûr, les entretiens se recoupent parfois (la naissance du mot marsupilami, pourquoi avoir créé le Trombone illustré, pourquoi avoir laissé Spirou à Fournier...), mais ils permettent de dresser un portrait tout en gentillesse (avec quelques pics parfois) de l'auteur se prêtant au jeu de ses jeunes interlocuteurs (parfois, ils sont étudiants ou lycéens). On le sent à chaque instant surpris et émerveillé de voir que ceux-ci le considèrent comme un véritable monument. Dans Ratatouille n°4 en 1986, Franquin pose la question suivante à Fred Coconut: "Pourquoi, quand on a vingt ans, on vient voir un gars qui dessine depuis mille ans, à l'ancienne manière, alors qu'il y a tellement de gens de BD ? Vous êtes collectionneurs de vieux trucs ou bien vous avez des goûts anciens?" On ne peut qu'être émerveillé par cette modestie non feinte. On est également enthousiasmé par la découverte des nombreux dessins exécutés par l'auteur pour animer ces fanzines. Pour vous donner un exemple, on demande à l'auteur s'il accepte de faire un dessin avec une représentation de saucisse pour la couverture de Saucysson magazine (tiré à 500 exemplaires)... et Franquin s'exécute. Le livre est rempli de ce type d'anecdotes d'un Franquin plein d'attentions et d'enthousiasme pour ces jeunes inconditionnels de bande dessinée. Double portrait de ce grand auteur et de l'histoire du fanzine en France (qui reste sans doute encore à écrire). Un bel hommage.

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