Pepe tome 1– Carlos Giménez – éditions Les échappées – 2012.

Pepe tome 1– Carlos Giménez – éditions Les échappées – 2012.



Après Paracuellos, prix du patrimoine ô combien mérité en 2012, Barrio et Les professionnels, Carlos Giménez nous revient avec Pepe, biographie de José Gonalez, auteur espagnol (1939-2009) peu connu par chez nous si ce n'est pour ses épisodes de Vampirella. Comme dans d'autres œuvres de Giménez, l'album allie la description du monde de la bande dessinée espagnole (avec la folle vie des ateliers, les commandes des magasines...) avec une évocation sous-jacente de l'Espagne de Franco. La première planche démarre par trois cartouches de textes : Barcelone. 1946. Barrio Chino, accompagnées dans une case par la clameur suivante : « Franco ! Franco ! Franco ! Vive l'Espagne ! » C'est dans ce contexte de pauvreté et de Franquisme que nous apprenons à découvrir José Gonzalez dit Pepe, jeune homme surdoué du dessin, mais se lassant vite de ses multiples talents. Comme lui dira un de ses collaborateurs d'atelier : « Essayer pour toi, c'est un jeu...Quand tout va bien ça ne t'intéresse plus... ». Comme dans d'autres albums de Giménez, ce qui surprend et enthousiasme dans l'album, c'est son apparente légèreté. Même Paracuellos, au fort contenu autobiographique, qui nous contait le quotidien d'enfants victimes de brimades et de restrictions dans un orphelinat espagnol de l'après guerre civile, parvenait à nous faire sourire. Ici, même si le sujet est moins lourd et que le personnage de Pepe semble particulièrement insouciant et sûr de lui, certaines césures viennent contredire cette apparente bonhomie. Ainsi, alors que le jeune auteur semble vivre une relation aimante avec sa mère, au détour d'une case, Truffaut, responsable de l'atelier Producciones ilustradas pour lequel travaille Pepe, demande à ce dernier s'il a parlé à sa mère de son non « appétit » pour les filles. Pepe répond « Un jour j'ai essayé de le lui dire...Je n'ai pas réussi à le faire. Tu sais ce qu'elle m'a dit ?   Plutôt mort que pédé. ». Si dans ce tome Giménez se concentre sur la dynamique des personnages, sans nulle doute que les tomes suivants en révèleront les failles.



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